La vie est une tapisserie tissée de milliers de lignes—certaines droites, d’autres courbes, certaines brisées et effilochées, d’autres lisses et audacieuses. Chaque ligne représente un moment, une décision, une croyance qui façonne le tissu de notre existence. Les lignes de la société sont souvent tracées pour nous, dessinées par les normes, les attentes et les limitations du monde autour de nous. Ces lignes peuvent nous enfermer, elles peuvent restreindre notre mouvement, comme les bords d’une boîte qui nous indiquent où nous devons rester.
Mais il y a aussi la ligne qui est en nous, ce fil invisible de pensée et d’intuition, qui tisse silencieusement sous la surface. Il n’est pas confiné aux bords, ni limité par les modèles du monde extérieur. Cette ligne intérieure coule librement, indifférent aux lignes rigides de la société. Lorsque nous prêtons attention à ce fil intérieur, nous pouvons sentir son appel, qui nous pousse à nous libérer des lignes contraignantes du monde extérieur.
Le changement commence lorsque nous comprenons que les lignes ne sont pas permanentes—elles sont fluides. À l’image du parcours d’une rivière, une ligne peut se plier, se courber, et trouver de nouvelles façons de naviguer à travers le paysage. Nous pouvons choisir de redessiner les lignes, de les déplacer, de les étirer, ou même de les effacer complètement. Plus nous faisons confiance à notre ligne intérieure, plus nous réalisons que les lignes que nous croyons nous définir ne sont que des illusions, tracées dans la terre et non dans la pierre.
Cependant, une partie de ce processus de changement nécessite que nous pardonnions les lignes que d’autres ont tracées pour nous—de pardonner aux personnes qui, consciemment ou inconsciemment, ont posé des limites sur notre chemin. Ces lignes ne sont pas toujours malveillantes, mais elles sont souvent restrictives, façonnées par leurs propres peurs, blessures et incompréhensions. Nous devons reconnaître que les autres, eux aussi, naviguent dans la même tapisserie complexe, traçant des lignes en fonction de leurs propres expériences.
Le pardon n’est pas une question d’effacer ces lignes, mais de les comprendre. Il s’agit de reconnaître que le fil de l’autre, comme le nôtre, est enchevêtré dans des complexités. En pardonnant, nous desserrons l’emprise que ces lignes exercent sur nous, et nous trouvons la liberté de les dépasser. Ce n’est pas un acte d’excuser ou d’oublier, mais de relâcher le poids que nous portons, afin de marcher plus légèrement, plus librement.
Lorsque nous alignons nos actions avec les mouvements de notre fil intérieur—tout en laissant de l’espace pour la croissance des autres, et en pardonnant les lignes qu’ils ont pu tracer pour nous—nous commençons à dessiner de nouveaux chemins. Ces nouvelles lignes, forgées dans l’amour et la compréhension, ne nous lieront pas ; elles nous conduiront vers de nouveaux horizons, vers un système de vie où nous serons libres de créer, de nous adapter et de trouver les espaces où nous appartenons véritablement.
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Catalog No. LE-CORPS (THE BODY)